L’injustice est la matière première des reportages soumis au jury cette année et donc de ce palmarès, que le journalisme transforme en colère.

83e Prix de la presse écrite :

Caroline Hayek
pour ses reportages sur le Liban publiés dans L’Orient-Le Jour.

« Une jeune femme étend de la lingerie fine à faire rougir le saint Charbel en plâtre posé dans un angle de son balcon. » ainsi commence la Promenade dans un Beyrouth en déliquescence, racontée par Caroline Hayek, journaliste franco-libanaise à L’Orient-Le Jour depuis 2014, chroniqueuse pour la RTBF et correspondante pour L’Express. Il y a ceux qui n’ont rien et ceux qui ont encore moins que rien. Sa série d’articles aux titres évocateurs (Les premiers jours du reste de leur vie, Ils ont fui la guerre en Syrie… ils sont morts dans les explosions de Beyrouth, Ça y est, Beyrouth n’existe plus…) emmène le lecteur au bout de l’humanité.
Le jury est également heureux de mettre à l’honneur L’Orient-Le Jour, journal francophone né en 1924, ouvert sur les enjeux du monde et soucieux de faire comprendre ce qui se passe au coin de la rue Hamra. Ses jeunes journalistes dont Caroline Hayek et Marwan Chahine (présélectionné l’an passé), portent à leur manière la plume dans les plaies si douloureuses que compte aujourd’hui le Liban.

37e Prix de l’audiovisuel :

Alex Gohari et Léo Mattei
pour leur film On the line, les expulsés de l’Amérique produit par Brotherfilms et diffusé sur France 2 et Public Sénat.

Alex Gohari et Léo Mattei vivent au Mexique depuis plusieurs années où ils creusent dans leurs reportages, le sillon des migrations. Cette enquête met en exergue la honteuse absurdité que personne n’ignore de la politique américaine, tant sous les administrations républicaines que démocrates, qui renvoie à Tijuana des hommes et des femmes vivant aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies, et désormais condamnés à travailler depuis le Mexique pour des plateformes téléphoniques américaines.

5e Prix du livre :

Emilienne Malfatto
pour Les Serpents viendront pour toi (Les Arènes Reporters).

Aujourd’hui journaliste et photojournaliste indépendante, Emilienne Malfatto, a commencé sa carrière à El Espectador (Bogotà) puis à l’AFP. Un meurtre parmi d’autres en Colombie. Elle s’appelait Maritza, mère de six enfants, assassinée dans l’indifférence générale. Emilienne Malfatto mène l’enquête là où les autorités colombiennes trainent les pieds. Si son investigation n’aboutit pas, son livre cultive l’humilité et suinte le poids du mystère et des non-dits. Il ouvre un espace pour l’imaginaire que le journalisme doit aussi savoir préserver.

Le jury 2021 présidé par Hervé Brusini, était composé de : Lise Blanchet, Doan Bui, Annick Cojean, Catherine Jentile, François Hauter, Christian Hoche, Marc Kravetz, Jean-Xavier de Lestrade, Manon Loizeau, Alain Louyot, Jean-Paul Mari, Claire Meynial, Delphine Minoui, Michel Moutot, Patrick de Saint-Exupéry, Frédéric Tonolli, Olivier Weber, ainsi que des lauréats 2020 : Ludovic Gaillard, Cédric Gras, Allan Kaval et Sylvain Louvet.

Information / Stéphane Joseph : + 33 6 82 90 01 93